J’ai toujours considéré la représentation scénique comme un acte sacré vécu en communion où la danse se livre sur l’instant. Dans cet ouvrage, les photographies de Natacha Hochman ont été réalisées lors de représentations de ballets. La photographe capte l’instant de spectacles et nous témoigne l’admiration et le respect qu’elle voue aux danseurs parmi un panel d’Etoiles. De par mon parcours de danseur et de chorégraphe, j’ai souvent expérimenté que la danse classique obligeait à ciseler le geste dans une perfection de la forme et j’ai eu très tôt le sentiment qu’il était aussi capital de le nourrir de ce que l’on voulait bien proposer. Le point de rencontre de la danse et de la photographie se situe dans cet instant fugitif où les geste est offert. Il s’évapore mais il n’est pas éphémère ; le geste laisse une empreinte. Ces photographies nous les révèlent et font apparaître un corps spontané qui ne peut mentir, où le danseur évolue tel qu’il est dans une mise à nu et une authenticité. C’est ce que j’ai toujours recherché dans ma vie de danseur et aujourd’hui de chorégraphe, une présence incarnée du geste mis en mouvement comme un artisan médium en pleine traduction ou écriture sensible du monde. Les photographies de danseurs ponctuent ces pages, alternant la capture des mouvements exécutés à l’extrême ou saisis dans l’instant d’apesanteur ou bien encore une palette d’émotions de corps de danseurs traçant des lignes subtiles dans l’espace. La photographe fixe un instantané chorégraphique dans la traversée ou l’aboutissement d’un mouvement et le relevé de qui est montré ou de ce qui se dégage, se révèle lisible et sensible. L’expression et l’émotion de fulgurances dansées deviennent manifestes par l’oeil passionné de Natacha Hochman.